Rappels sur le cadre réglementaire

Pour être conventionné par la CPAM, un cabinet d’audioprothèse doit respecter des critères acoustiques stricts. Le Code de la santé publique (article D4361-20) exige notamment un local dédié et isolé au niveau phonique (cabine insonorisée ou salle de mesure ≥ 15 m³) avec un bruit de fond très faible et un temps de réverbération court. Concrètement, le niveau de bruit ambiant en condition normale d’utilisation ne doit pas excéder 40 dB(A) (Leq mesuré sur 1 heure), et la réverbération ne doit pas dépasser 0,5 s à 500 Hz. Le cabinet doit aussi disposer d’une salle d’attente séparée et, si l’on réalise des empreintes d’oreille, d’un laboratoire isolé des locaux de mesure. Ces obligations garantissent un environnement calme (idéalement ~30 dB(A) ou moins) et sans écho pour des audiométries fiables.

Nos recommandations afin d'optimiser l'insonorisation et le traitement acoustique

Pour atteindre ces normes, plusieurs solutions complémentaires doivent être mises en œuvre : isolation structurelle, traitement des ouvertures, élimination des ponts acoustiques et absorption interne. Ci-dessous quelques préconisations clés pour obtenir une cabine aussi insonorisée que possible et minimiser la réverbération :

Traitement des parois murales

Notre première recommandation est de construire la cabine avec des cloisons à double paroi (mur « double peau ») séparés par un isolant épais (laine de roche, laine de verre haute densité, mousse acoustique…). Un mur à double paroi peut offrir une atténuation moyenne de l’ordre de 45 dB. Toutes les cloisons intérieures doivent être montées « dalle à dalle » (jusqu’au plancher porteur), sans interstice sous un faux plafond ; ainsi la structure est entièrement découplée du reste du bâtiment. On évitera les panneaux mince ou les doublages non traités, car ils laissent passer le bruit latéralement.

Bien choisir la porte permettant l'accès à la cabine!

Installer un sas à double porte (une porte intérieure et une porte extérieure s’ouvrant l’une après l’autre) permet de créer une zone tampon avant d’accéder à la cabine. Ce système « sas acoustique » évite que le bruit extérieur ne pénètre directement lorsque la porte est ouverte. De plus, chaque porte doit être renforcée et munie de joints d’étanchéité acoustique (brosses ou joints caoutchouc) sur tout le pourtour. En cabine préfabriquée, on trouve des joints isolants entre les panneaux et autour de la porte (et du hublot éventuel), ce qui rend la cabine “étanche au bruit”. À défaut de sas, on choisira une porte acoustique lourde (masse élevée) de type « classe 1 » et bien verrouillée afin d’optimiser l’isolation phonique à chaque ouverture.

Privilégier des matériaux les plus isolants possibles

Privilégier des matériaux denses et absorbants dans la construction. Entre les plaques de plâtre, interposer une laine minérale de forte épaisseur (au moins 45–50 mm) améliore grandement l’insonorisation. Des plaques de plâtre acoustiques ou des panneaux en aggloméré renforcé (OSB épais) peuvent être employés pour constituer la structure. Tous les chevauchements ou joints entre panneaux doivent être mastiqués ou calfeutrés avec un matériau élastique (mastic ou mousse expansive acoustique) pour supprimer les fuites.

Élimination des ponts acoustiques

Il faut couper les liaisons mécaniques directes entre la cabine et le bâtiment (murs, sol, plafond). Par exemple, les rails de fixation des cloisons se placent sur des bandes résilientes, et les fixations électriques (boîtiers de prise, interrupteurs) doivent être désolidarisées (manchons élastiques) pour ne pas faire « pont » pour le son. Aucun élément rigide (plomberie, gaine électrique, passe-câble) ne doit traverser une cloison sans protection acoustique spécifique. Les tuyaux de plomberie ou gaines dans les murs doivent être entourés de laine et munis de conduits souples ou de joints caoutchouc pour éviter de transmettre les vibrations sonores. En respectant ces précautions, on évite que le bruit « flanque » autour des parois traitées.

Traitement absorbant intérieur

Une fois la cabine isolée, il faut minimiser la réverbération résiduelle. Les surfaces rigides (murs, plafond, plancher) génèrent de l’écho ; on y associe donc des éléments absorbants. On peut recouvrir partiellement les parois avec des panneaux acoustiques (mousse haute densité, feutre, bois perforé avec laine), ou fixer des bass traps dans les angles. Un revêtement de sol adapté permet également d'atténuer la réverbération : attention à le prendre en compte dans vos choix. Des plafonds acoustiques (dalles minérales ou de laine de roche suspendues) peuvent être envisagés si la hauteur sous plafond le permet. En appliquant ces traitements, on réduit la réverbération et on clarifie l’écoute, ce qui est crucial pour le calibrage précis des aides auditives. Pour rappel, il est recommandé d’atteindre un temps de réverbération bien inférieur à 0,5 s.

Fenêtres et éclairage naturel

Si la cabine doit comporter un hublot ou une paroi vitrée pour voir le patient, utiliser du verre feuilleté ou feuilleté-acoustique à plusieurs feuilles épaisses, voire du double vitrage fixe. Les châssis doivent être à double ossature ou rigidement fixés, car des hublots standards briseront l’isolation. Certains conseillent des parois vitrées fixes avec double cadre d’aluminium pour la lumière du jour. Chaque jonction vitrage/paroi est calfeutrée par des joints dédiés.

Ventilation et climatisation

Assurer la ventilation est indispensable pour le confort, mais certains systèmes peuvent diffuser du bruit dans la cabine. On installe généralement un ventilateur silencieux à faible régime. Les bouches d’entrée et de sortie d’air doivent être équipées de traverse acoustique (longs silencieux) ou de cônes absorbants pour amortir le bruit aéraulique. Parfois on place les unités bruyantes (ventilo-convecteurs) hors de la cabine (dans un faux-plafond ou un placard isolé) et on ramène l’air via des gaines souples acoustiques. Une étude acoustique des conduits (coudes, silencieux) permet de limiter la transmission du bruit via le réseau de ventilation.

Maintenance et vérifications

Enfin, chaque élément doit être régulièrement vérifié. On contrôle le niveau de bruit de fond avec un sonomètre pour s’assurer qu’il reste bien en dessous de 40 dB(A) (idéalement autour de 30 dB). Les joints d’étanchéité des portes et des percements doivent être inspectés et remplacés si nécessaire.

On obtient une cabine optimisée sur le plan acoustique, conforme aux exigences légales et aux meilleures pratiques professionnelles.

Article rédigé parThibault Esteves Da Torre.

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