Les acouphènes sont des bruits parasites d'origine interne qui peuvent avoir un impact significatif sur votre qualité de vie, en fonction de leur nature, de leur sévérité et de votre degré de tolérance. Découvrez notre article dédié afin de prendre les mesures nécessaires pour tenter de les réduire et ainsi mieux vivre avec.

Acouphènes: définition et prévalence

Les acouphènes se définissent comme des bruits pouvant être de nature différente (bourdonnement, sifflement, grincement, sonnerie, chuintement, cliquetis, etc.) que l’on entend dans une ou deux oreilles, ou de manière centrale (dans sa tête), sans lien avec une source sonore émise par le monde extérieur.

Les causes des acouphènes peuvent être diverses, mais dans 95 % des cas, les deux principaux facteurs de risques sont la perte auditive progressive liée à l’âge (presbyacousie) et les traumatismes sonores : on parle alors d’acouphènes subjectifs. Le dysfonctionnement de l’oreille entraîne des répercussions sur la transmission de l’influx nerveux via le nerf auditif jusqu’au cerveau, ce qui produit un son interne qui n’a normalement pas lieu d’être.

Les 5 % restants sont représentés par des acouphènes dits objectifs, plus rares. Les causes peuvent être vasculaires (acouphènes pulsatiles), musculaires (cliquetis), musculo-tendineuse/articulaire (craquements, sons “mouillés”, bulles d'air qui claquent), autres.

(1) Les acouphènes : définition, causes, conséquences (site Améli)

Ce trouble entraîne bien souvent des conséquences extra-auditives, pouvant aller jusqu’à des problèmes d’endormissement, voire des insomnies, des difficultés de concentration, et même de l’anxiété ou de la dépression. La prévalence de cette pathologie est d’un adulte sur dix en France, ce qui en fait un problème de santé publique non négligeable.

Les chiffres clés à noter sont que 70% des personnes atteintes de surdité ont des acouphènes, et 90% des personnes qui ont des acouphènes souffrent de surdité.

Acouphènes et émotions: quel rôle joue le système limbique?

Développé dans les années 90, le modèle neurophysiologique du Dr Pawel Jastreboff fournit une explication complète des acouphènes et de leur interaction avec le cerveau, en particulier avec le système limbique. Ce modèle aide à comprendre pourquoi les acouphènes peuvent être perçus différemment d'une personne à l'autre et pourquoi ils peuvent être associés à des états émotionnels tels que le stress, l'anxiété et la fatigue. Modèle initial (2) puis révisé en 1996 (3) et 2004 (4).

Selon le modèle de Jastreboff, les acouphènes sont générés par une activité neuronale anormale dans le système auditif. Cette activité peut emprunter deux types de voies :

  1. Les voies auditives primaires,  responsables de la transmission des sons de l'oreille interne jusqu'au cortex auditif où le son est perçu consciemment.

  2. Les voies auditives non spécifiques qui impliquent des structures du cerveau qui ne sont pas strictement dédiées à l'audition, comme le système limbique et le système nerveux autonome. Elles sont impliquées dans la modulation des réponses émotionnelles et autonomes au son.

Le système limbique, zone du cerveau impliquée dans la gestion des émotions, joue un rôle crucial dans la perception des acouphènes. Lorsque les acouphènes sont perçus, le système limbique peut interpréter ce signal comme une menace, provoquant ainsi des réactions émotionnelles négatives telles que le stress et l'anxiété. Cette réaction peut exacerber la perception des acouphènes, créant un cercle vicieux où les acouphènes entraînent du stress, et le stress intensifie les acouphènes.

Ce lien explique pourquoi les acouphènes peuvent souvent survenir ou s'aggraver après un choc émotionnel. Les événements stressants peuvent déclencher une hyperactivité dans le système limbique, augmentant ainsi la sensibilité aux sons internes.

(2) Jastreboff PJ, Phantom auditory perception (tinnitus) : Mechanisms of generation and perception, Neuroscience Research, numéro 8, 1990.

(3) Jastreboff PJ, Gray WC et Gold SL, Neurophysiological approach to tinnitus patients, The American Journal of Otology, numéro 17, 1996.

(4) Jastreboff PJ, Hazell JWP, Tinnitus Retraining Therapy : Implementing the Neurophysiological Model, édition Cambridge, 2004.

Acouphènes: évaluation et diagnostic

Pour diagnostiquer et évaluer vos acouphènes, il est nécessaire de consulter votre médecin ORL. Il réalisera un ensemble d'examens afin d'identifier les étiologies probables, et proposer un projet thérapeutique.

S'il vous est conseillé de rencontrer un audioprothéiste, celui-ci réalisera un bilan complet :

  • Une anamnèse complète afin de déterminer de quel côté se manifestent les acouphènes, s'ils sont plus présents d'un côté que de l'autre, leur caractère (continu/intermittent, fixe/fluctuant), depuis combien de temps ils sont présents, s'ils sont apparus subitement ou progressivement, suite à un événement particulier ou un choc émotionnel, et s'ils sont exacerbés par des facteurs tels que la fatigue, le stress ou l'anxiété., etc.

  • Un examen otoscopique pour vérifier que le conduit auditif externe et le tympan sont sains, et exclure la présence de bouchons de cérumen ou de pathologies affectant l'oreille externe. 

  • Un bilan auditif pour déterminer si une perte auditive est associée. En général, la fréquence de l'acouphène est corrélée aux fréquences pour lesquelles la perte auditive est maximale.

Les acouphènes ne sont pas la cause de la perte d'audition. A l'inverse, c'est la présence d'une perte auditive qui engendre les acouphènes.

  • Une acouphénométrie pour identifier la fréquence et l'intensité de l'acouphène. Des sons de différentes natures (son pur, bruit de bande étroite, bruit blanc) sont émis, à des fréquences et intensités variables, et une recherche empirique est effectuée pour se rapprocher le plus possible de l'acouphène.

  • Un questionnaire scientifiquement validé, le THI (Tinnitus Handicap Inventory), et éventuellement, une auto-évaluation avec une échelle visuelle analogique,pour estimer la gêne de l'acouphène et son impact sur votre qualité de vie.

Comment réduire ses acouphènes?

Dans la majorité des cas, les acouphènes disparaissent dans les mois suivant leur apparition grâce à des phénomènes d'accoutumance et de plasticité cérébrale ; c'est-à-dire la capacité du ceveau à ignorer le dit acouphène. Si les acouphènes persistent, des projets thérapeutiques peuvent être mis en place.

Acouphènes objectifs : induits par des bruits de l’organisme

Les acouphènes objectifs (5% des acouphènes), ont pour origine des bruits produits par l’organisme. Ils peuvent être d'origine vasculaire, musculaire ou articulaire. Le plus souvent, ils se manifestent par des sons pulsatiles, des cliquetis, des bruits "mouillés" ou d'autres sons atypiques et discontinus.

Dans ce cas, le médecin ORL pourra envisager des traitements telles que la chirurgie, la médicamentation ou encore des séances de kinésithérapie. Les appareils auditifs ne sont pas utiles dans ce cadre là, à moins que l'acouphène soit associé à une perte auditive.

Acouphènes subjectifs : induits par un dysfonctionnement des voies auditives

Les acouphènes subjectifs peuvent être causés par le vieillissement naturel de l’oreille, connu sous le nom de presbyacousie, par un traumatisme sonore, tel qu'une explosion ou une exposition sonore intense en boîte de nuit, ou d’autres pathologies plus rares.

Si les acouphènes sont accompagnés d'une perte auditive, l'utilisation d'un appareil auditif est souvent conseillée. L'objectif est d'amplifier les sons dans les fréquences touchées par la surdité, qui sont généralement en corrélation avec celles des acouphènes. Cela permet de prévenir une réorganisation cérébrale anormale et de réduire les acouphènes.

Si l'appareillage auditif n'est pas envisageable en raison de l'absence de reliquats auditifs exploitables, ou que l'amplication apportée par l'appareillage demeure inefficace, des thérapies sonores peuvent être envisagées. Le principe est de masquer les acouphènes avec un bruit artificiel confortable (bruit blanc, rose, etc.) agissant comme un “matelas sonore”. Ce masquage facilite l'abstraction des acouphènes, et limite ainsi, leur impact émotionnel.

Sur le même principe, votre audioprothésiste peut mettre en place une thérapie sonore avec des bruits plus naturels accessibles gratuitement sur Android Store ou App Store. Par exemple, l'application Zen Tinnitus (Widex) propose des banques de bruits d'environnement permettant de se défocaliser des acouphènes, en les mettant en arrière plan. Ces sons peuvent être émis via des appareils auditifs s'il y a une surdité associée, ou des écouteurs classiques dans le cas inverse.

Acouphènes objectifs et implants cochléaires

Depuis septembre 2021, laHaute Autorité de santéa validé l'indication d'implantation cochléaire en cas de « surdités unilatérales sévères à profondes avec acouphènes invalidants, après échec ou inefficacité des systèmes CROS ou à ancrage osseux ». Cette nouvelle indication représente un espoir pour les personnes souffrant d'acouphènes sévères et ayant une perte auditive associée plus que sévère.

Plusieurs études ont démontré les bénéfices de ce dispositif médical pour soulager les acouphènes. (6),(7),(8)

N’hésitez pas à en parler avec votre médecin ou votre audioprothésiste pour en savoir plus.

Quels sont les autres axes thérapeutiques pour soulager ses acouphènes?

La fatigue, l'anxiété et le stress influencent la perception des acouphènes, ce qui explique pourquoi l'expérience des acouphènes peut varier d'une personne à l'autre et à différents moments. Pour atténuer ces interactions et réduire les acouphènes, divers traitements et actions peuvent être mis en œuvre.

Médicaments et thérapies annexes: des solutions pour soulager les acouphènes

Les traitements médicamenteux ciblent les mécanismes sous-jacents, tels que le stress et l'anxiété. Des médicaments à base de plantes, comme le Ginkgo biloba, ou des anxiolytiques peuvent être utilisés pour aider à réduire les symptômes des acouphènes.

Parmi les stratégies non médicamenteuses, la sophrologie propose des techniques de relaxation et de gestion du stress qui peuvent diminuer la perception des acouphènes. Le yoga, par ses pratiques physiques et mentales, aide à réduire le stress et à améliorer le bien-être général. Des techniques de relaxation, comme la méditation ou la respiration profonde, peuvent calmer le système nerveux. L'acupuncture, une pratique de la médecine traditionnelle chinoise, peut aussi rétablir l'équilibre énergétique et réduire les symptômes des acouphènes.

Le sommeil et l'activité: des leviers pour soulager les acouphènes

La fatigue est un facteur pouvant exacerber la perception acouphènes. Il est crucial de préserver la qualité du sommeil pour assurer un repos suffisant et réparateur.

Enfin, adopter un mode de vie sain peut également atténuer les acouphènes. Pratiquer des activités relaxantes et distrayantes, faire du sport régulièrement, avoir une alimentation équilibrée peut réduire le stress, améliorer la circulation sanguine et améliorer la santé générale ; autant d'éléments favorables au soulagement des acouphènes.

Comment prévenir et faire suivre ses acouphènes?

Si vous êtes exposés au bruit dans un cadre professionnel ou dans vos loisirs, nous vous recommandons vivement de vous protéger afin de limiter la dégradation de votre audition et ainsi, minimiser les risques d’apparition d’acouphènes. 

Si des acouphènes surviennent, il est crucial de prendre rendez-vous avec un professionnel de santé.

Une approche proactive permet de détecter précocément le trouble, et d'agir afin de limiter l'impact des acouphènes sur la qualité de vie.

Acouphènes: que retenir afin d'être bien pris en charge?

Les acouphènes, bien que communs, peuvent sérieusement altérer la qualité de vie en raison de leur impact sur le sommeil, la concentration et la santé mentale. Comprendre leurs origines, qu'elle soit subjective ou objective, est essentiel pour choisir la stratégie thérapetique adéquate. 

En cas d'acouphènes, vous pouvez consulter préférentiellement un médecin oto-rhino-larygologiste, puis si recommandé par ce dernier, bénéficier d'un bilan approfondi avec un audioprothésiste. Cette démarche permet de déterminer la nature des acouphènes et d'élaborer un projet de traitement personnalisé. Les options thérapeutiques sont multiples ; des prothèses auditives aux thérapies sonores pour les acouphènes subjectifs, à des interventions plus ciblées pour les acouphènes objectifs, comme la chirurgie ou la kinésithérapie.

N'hésitez pas à consulter des professionnels de santé pour un suivi adapté à votre situation personnelle.


Article rédigé parThibault Esteves Da Torre.

Continuez la lecture

Ce site utilise des cookies. En savoir plus