L’audition diminue avec l'âge, ce qui peut avoir un impact négatif sur certaines de nos capacités cognitives. Dès lors, les interactions sociales et le quotidien sont affectés. Ce sont les seniors, qui sont le plus concernés. Dans cet article, nous apportons des réponses aux questions les plus souvent posées afin de mieux comprendre comment préserver sa santé auditive et cognitive.

La surdité est-elle liée à l'âge ?

La presbyacousie est une baisse progressive de l'audition, liée essentiellement à l'âge. Cette surdité est la plus fréquente et peut être aggravée par des facteurs génétiques, environnementaux (exposition aux bruits excessifs sans protection : tirs au fusil, discothèques, etc.) et à l'utilisation de médicaments toxiques pour l’oreille (quinine, cisplatine, etc).

Le vieillissement naturel de l’oreille affecte le fonctionnement du système auditif. Cette dégradation a lieu au niveau des structures dites périphériques (oreille interne : cellules ciliées, strie vasculaire, ganglion spiral) et centrales (nerf auditif : neurones sous-corticaux et corticaux). Pour les personnes concernées, les capacités auditives s'amenuisent en termes quantitatifs ("je n'entends pas") et qualitatifs ("je ne comprends pas").

“J’entends mais je ne comprends pas” est très certainement la phrase la plus souvent prononcée par les personnes malentendantes.

Quelle que soit l'origine de la surdité, elle est classée en fonction de son degré d’importance (figure 1). On parle de baisse d’audition, ou surdité, dès lors que l’audiométrie tonale révèle une baisse supérieure à 20 décibels (dB). Autrement dit, c'est quand l’oreille n’arrive plus à détecter des sons dont l’intensité est inférieure à 20 décibels.

Figure 1 : les différents degrés de surdités

Pour les adultes jeunes, une surdité légère (comprise en 20 et 40 dB HL) a un impact moindre sur la communication, car ils utilisent des stratégies compensatoires (attention accrue, lecture sur les lèvres...). Cependant, à mesure que la surdité et l'âge progressent, la gêne auditive s'accentue. La plupart des personnes souffrant de problèmes d'audition adoptent alors des comportements de déni, d'évitement et d'isolement afin de ne pas se confronter à leurs difficultés auditives.

Comment la surdité peut augmenter le risque de déclin cognitif ?

Selon une étude du Professeur John Lin (2011)(en savoir +),de l’institut John Hopkins, la diminution de l'audition est un facteur de risque d’aggravation des troubles cognitifs. Elle entraîne une sur-utilisation du cerveau pour traiter les informations auditives mal perçues à cause de la surdité. Cette surcharge cérébrale engendre une importante fatigue et a un impact négatif sur d'autres processus cognitifs tels que la mémoire de travail, le raisonnement, la planification, etc.

La surdité peut affecter certaines fonctions et capacités d’analyse du cerveau.

La perte auditive se traduit par une moindre stimulation des fonctions auditives du cerveau. De ce fait, la mémoire perceptive, ou mémoire des sons, et le traitement du langage sont altérés. Ce phénomène est d'autant plus vrai que les personnes mantendantes adoptent souvent un comportement de repli sur soi et évitent les situations inconfortables. Ainsi, l'audition et l'ensemble des processus cognitifs sont de moins en moins sollicités (mémoire de travail, inhibition, vitesse de traitement de l’information auditive…).

Saviez-vous qu’il existe un lien entre la surdité et la santé cognitive ?

Le risque de troubles cognitifs - ou démences - augmente significativement avec le degré de la surdité. A partir d'une surdité légère (20 décibels), la compréhension verbale, et par conséquent la communication, est atteinte.

Selon une étude de 2014, menée par le Docteur Richard Gurgel(en savoir +),médecin Oto-Rhino-Laryngologiste (ORL), la surdité est un facteur de risque de développement précoce de démences (Alzheimer par exemple). À âge, éducation, genre et risques cardiovasculaires égaux, une personne ayant une surdité verra ses capacités cognitives diminuer plus vite dans le temps. 

En 2017, Gill Livingston(en savoir +),Professeur en psychiatrie de l’université de Londres, évalue le facteur de risque que représente la surdité à 1,9. La surdité seule, ne génère que rarement une maladie cognitive. En revanche, elle peut en accélérer le développement. L'âge avançant, les personnes malentendantes présentent des déficits cognitifs, des symptômes de type dépression ou encore une baisse de leurs capacités fonctionnelles.

La surdité augmente le risque de développer des troubles cognitifs, appelés plus généralement démences.

En 2017, Adam Dryden(en savoir +),Docteur en Statistiques de l’université de Nottingham, explicite le lien étroit entre la qualité de la compréhension de la parole en milieu bruyant et certaines fonctions cognitives. En environnement bruyant, des processus cognitifs primordiaux sont sollicités, tels que le maintien de l'attention et les capacités d'inhibition d'un bruit perturbateur au profit de la parole. Ces facultés sont liées à la rapidité de traitement de l'information, de l'inhibition cognitive et de la mémoire de travail - qui comme évoqué précédemment, peuvent se trouver affectés par une surdité.

Quels sont les troubles cognitifs susceptibles d’être aggravés par la perte auditive ?

En 2015, Hélène Amevia, Docteur en Neurosciences, évoque un déclin cognitif d'autant plus marqué lorsque la personne testée a d'importantes difficutés auditives(en savoir +),.

La surdité est le facteur de risque principal d’aggravation du déclin cognitif.

Selon l’étude du Professeur Gill Livingston, citée précédemment, la surdité contribuerait à hauteur de 8 % aux facteurs cognitifs, faisant de la perte auditive le facteur de risque principal (cf. figure 3). Parmi l'ensemble des facteurs de risques de développer une démence, 42 % seraient identifiés, dont 35 % pourraient être modifiés avec une prise en charge précoce ; ce qui permettrait de retarder l'apparition ou limiter l'aggravation des démences de manière générale.

Surdité et déclin cognitif : la surdité est le facteur de risque principal d'aggravation du déclin cognitif

Figure 3 : Modèle de contribution des facteurs de risques connus modifiables et non modifiables pour la démence (Livingston, 2017)

En 2023, le Professeur Jochum van't Hooft(en savoir +),du centre Alzheimer d’Amsterdam, confirme l'existence d'un lien entre la déficience auditive des personnes âgées et le déclin des performances langagières, de la mémoire et de la cognition globale. Au-delà de l’influence de l’âge, la surdité affecterait certaines parties du cerveau comme l'hippocampe et le noyau accumbens. L’atrophie de ces structures (réduction de leur taille) influerait à leurs tours sur certaines fonctions comme la mémoire et la cognition globale. 

En d'autres termes, la perte auditive, ou surdité, altère certaines fonctions auditives et cognitives. Réciproquement, une altération cognitive peut entraîner une déficience dans le traitement auditif global. Cependant, il est encourageant de noter qu’une prise en charge précoce permet de retarder l'apparition du déclin cognitif ; par exemple en portant des appareils auditifs et.ou en ayant une prise en charge neurologique le plus tôt possible

Comment diminuer le risque de déclin cognitif lié à la surdité ?

Selon l’étude scientifique du Professeur Hélène Amevia, les sujets malentendants équipés d’appareils auditifs seraient susceptibles de conserver de meilleures capacités cognitives. En 2015, les travaux de Karen Dohrety(en savoir +),Docteur à l’université de Syracuse, montrent que l’utilisation d’aides auditives améliorent la mémoire de travail. La mémoire de travail est comme un "post-it" mental. Nous stockons les informations importantes pendant un court laps de temps afin de les utiliser pour des tâches cognitives comme la réflexion, la prise de décision et la résolution de problèmes.

En 2020, Julian Sarrant(en savoir +),dont la spécialité est l'Audiologie (Université de Melbourne) montre également que les personnes porteuses d'appareils auditifs améliorent leur perception de la parole dans le silence. Ainsi, leur qualité de vie s'améliore. Sur la période de l’étude (18 mois), les capacités cognitives des porteurs d’aides auditives étaient soit stables, soit meilleures pour certaines fonctions exécutives telles que la mémoire de travail et l'attention visuelle.

L'appareillage auditif limite l’aggravation du déclin cognitif, d’autant plus s’il est réalisé précocement.

Nombre d’études tendent à montrer le bienfait de l’utilisation des aides auditives sur les capacités cognitives. En 2017, Dorothea Wendt(en savoir +),du centre de recherche Eriksholm, montre que l'usage d’aides auditives réduit l’effort d’écoute. En d’autres termes, le cerveau est moins sollicité pour l’audition et, par conséquent, davantage disponible pour d'autres fonctions cognitives. Souvenez-vous, nous parlions au début de cet article de la sur-utilisation du cerveau !

En 2020, Hannah Anneli Glick(en savoir +),Docteur à l'université du Colarado, explicitent une réorganisation du cerveau témoignant de l'intérêt de l'appareillage auditif. En effet, la stimulation auditive qu'il apporte, sollicite des régions sous-stimulées du cerveau. De cette manière, de nouveaux réseaux neuronaux se créent. Au-delà des avantages sur la communication, les aides auditives préservent, voire améliorent certaines performances cognitives. En 2019, Le Docteur Joanna Nkyekyer souligne(en savoir +),l’intérêt de l’entraînement auditif. Le port d'appareil auditif aide à augmenter les performances auditives et les habiletés cognitives.

En cas de surdité, l'utilisation d'appareils auditifs stimule à la fois l'oreille et le cerveau. Cela contribue à maintenir certaines fonctions cognitives et donc, à limiter le déclin cognitif. Selon plusieurs études médico-économiques, le coût du déficit auditif non traité est considérable. Grâce aux nouvelles réglementations sanitaires, l’accès facilité aux aides auditives grâce au 100 % santé (reste à charge 0) permet d’intervenir plus tôt. Les évolutions technologiques des prothèses auditives, telles que l’intelligence artificielle, offrent de plus en plus de possibilités pour bien accompagner les patients malentendants.

Les audioprothésistes Alliance Audition accompagnent tous les patients malentendants dès les premiers signes de surdité. Tout au long du parcours de réhabilitation auditive, vous bénéficierez de leurs conseils. Du dépistage à la réhabilitation auditive, vos spécialistes de l'audition s'engagent à proposer les solutions auditives adaptées à chacun. S'appareiller doit être un plaisir afin de préserver sa joie de vivre et d'interagir avec ses proches. Prenez rendez-vous !

Article rédigé parBenjamin Chaix.

Continuez la lecture

Ce site utilise des cookies. En savoir plus